Page:Bera - Double Histoire - Histoire d un fait divers.djvu/83

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pensai même à entrer dans un couvent, car je voyais bien qu’il n’était pas possible de faire ailleurs son salut ; mais, mon père s’opposant à ma vocation, cela me découragea ; je pris le parti de n’y plus penser, et, voyant qu’il était par trop difficile d’être logique en cette vie, je me laissai aller au gré des circonstances, vivant au jour le jour de devoirs et de pensums, et attendant avec impatience le moment où je sortirais de ma prison et où je deviendrais homme et libre.

« Je n’avais pas encore mordu au latin ; c’était avec la résignation d’un condamné aux travaux forcés que je subissais ma tâche, et mes cahiers étaient du nombre de ceux qui n’obtiennent aucun encouragement, et pas même l’aumône d’une explication. Entre les hautes murailles du collége et sur les bancs, je croissais en hauteur seulement, comme une de ces herbes pâles qui pénétraient dans la grande classe par la fente du mur. Il me vint l’idée de copier, pour plus de rapidité, le devoir d’un des bons auprès de qui j’étais,