Page:Berchoux - La Gastronomie, 1819.djvu/30

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
22
LA GASTRONOMIE,

La cuisine, pour lors négligée, avilie.
De prestiges flatteurs n’était pas embellie ;
L’homme se nourrissait sans arts et sans apprêts,
Et le seul appétit assaisonnait les mets.
Homère nous transmet des détails domestiques,
Mêlés avec génie à des faits héroïques.
Ces robustes héros, ces guerriers valeureux,
Dont nous savons par cœur les gestes merveilleux,
Qui gouvernaient la Grèce au gré de leurs caprices,
N’auraient point estimé nos coulis d’écrevisses.
Qui ne sait aujourd’hui qu’ils descendaient souvent
Au soin de préparer un grossier aliment ?
La table de Patrocle et du fils de Pélée,
De plats multipliés n’était pas accablée :
Dans un jour d’appareil, une biche, un mouton,
Suffisaient au dîner des vainqueurs d’Ilion.
Ulysse fut, dit-on, régalé chez Eumée
De deux cochons rôtis qui sentaient la fumée.