Page:Berchoux - La Gastronomie, 1819.djvu/32

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
24
LA GASTRONOMIE,

Il fallut, en public, apporter son potage,
Sa farine, son vin, ses figues, son fromage,
Son brouet... Ce brouet alors très-renommé,
Des citoyens de Sparte était fort estimé.
Ils se faisaient honneur de cette sauce étrange,
De vinaigre et de sel détestable mélange.3
On dit, à ce sujet, qu’un monarque gourmand,
De ce breuvage noir, qu’on lui dit excellent,
Voulut goûter un jour. Il lui fut bien facile
D’obtenir en ce genre un cuisinier habile.
Sa table en fut servie. Ô surprise ! ô regrets !
À peine le breuvage eut touché son palais,
Qu’il rejeta bientôt la liqueur étrangère.
« On m’a trahi ! dit-il transporté de colère.
— « Seigneur, lui répondit le cuisinier tremblant,
« Il manque à ce ragoût un assaisonnement.
— « Eh ! d’où vient avez-vous négligé de l’y mettre ?
— « Il y manque, seigneur, si vous voulez permettre,