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CHANT III.
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« Je suis content, Vatel, mon ami, calme-toi :
<f Rien n’était plus brillant que le souper du rci.
« Va, tu n’as pas perdu ta gloire et mon estime :
« Deux rôtis oubliés ne sont pas un grand crime.
« — Prince, votre bonté me trouble et me confond :
« Puisse mon repentir efïacer mon affront ! »
Mais im autre chagrin l’accable et le dévore 5
Le matin, à midi, point de marée encore.
Ses nombreux pourvoyeurs, dans leur marche entravés,
A l’heure du dîner n’étaient point arrivés.
Sa force l’abandonne, et son esprit s’effraie
D’un festin sans turbot, sans barbue et sans raie.
attend, s’inquiète, et maudissant son sort,
Appelle en furieux la marée ou la mort.
La mort seule répond : l’infortuné s’y livre.
Déjà percé trois fois il a cessé de vivre.
Ses jours étaient sauvés, ô regrets ! o douleur î
’il eut pu supporter un instant son malheur.