Et par mille remords leur vin empoisonné.
Buvez donc en repos, bien ou mal gouverné.
Que si contre nos vœux, par un nouvel outrage,
Un tyran ramenait la terreur, l’esclavage,
Appelez à demain des malheurs d’aujourd’hui :
Buvez, et vous serez moins esclaves que lui.
De porter des toasts suivez l’usage antique ;
Mais vous ne direz pas, d’un ton démagogique :
« Puissent tous les mortels, mûrs pour la liberté,
« Vivre dans les liens de la fraternité !
« Puissent dans tous les lieux que le soleil éclaire,
« Les principes bientôt répandre leur lumière !… »
On a vu trop souvent profaner les banquets
Par ce triste langage et ces vœux indiscrets.
Écoutez les toasts que j’ose vous prescrire ;
En buvant à la ronde il est plus doux de dire :
« Puissions-nous dans cent ans, aussi vieux que Nestor,
« À ce même couvert nous réunir encor !
Page:Berchoux - La Gastronomie, 1819.djvu/95
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
CHANT IV.
83