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Page:Berchoux - La Gastronomie, 1876, éd. Desvernay.djvu/88

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LA GASTRONOMIE.

Ecoutez les toasts que j’ose vous prescrire ; En buvant à la ronde, il est plus doux de dire : « Puissions-nous dans cent ans, aussi vieux que Nestor, A ce même couvert nous réunir encor ! Que le ciel garantisse et préserve d’orage Les ceps de la Champagne et ceux de l’Ermitage ! Garde le Clos-Vougeot, celui de Chambertin, Des ardeurs de l’été, des fraîcheurs du matin ! Puissions-nous, affranchis des fureurs politiques, N’être plus séparés de nos dieux domestiques !... » Que si vous conservez quelques désirs vengeurs Contre vos ennemis et vos persécuteurs, Ne faites pas comme eux ; vous seriez sans excuse. Souhaitez seulement que le ciel leur refuse Un heureux appétit ; qu’un funeste dégoût Les accable sans cesse et les suive partout ; Qu’ils ne soient abreuvés que des vins de Surêne, Ou de ceux que produit leur aride domaine ; Que, seuls à leur couvert dégoûtant et hideux, Jamais un bon ami ne s’y mette avec eux ; Ou que, toujours trompés dans leurs tristes orgies, Leur table soit livrée au souffle des harpies ; Qu’un ignorant artiste, émule de Mignot, Nouvel empoisonneur, assaisonne leur pot