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Page:Berchoux - La Gastronomie, 1876, éd. Desvernay.djvu/87

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CHANT IV.
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Assez d’infortunés, dans le siècle où nous sommes, Ont recherché le soin de commander aux hommes. Leurs désastres récents nous peuvent témoigner Quels maux sont attachés à l’honneur de régner. Jamais d’un doux festin ils n’ont connu les charmes ; Leur pain fut bien souvent humecté de leurs larmes, Et par mille remords leur vin empoisonné. Buvez donc en repos, bien ou mal gouverné. Que si contre nos vœux, par un nouvel outrage, Un tyran ramenait la terreur, l’esclavage, Appelez à demain des malheurs d’aujourd’hui : Buvez, et vous serez moins esclaves que lui. De porter des toasts suivez l’usage antique ; Mais vous ne direz pas, d’un ton démagogique : « Puissent tous les mortels, mûrs pour la liberté, Vivre dans les liens de la fraternité ! Puissent dans tous les lieux que le soleil éclaire, Les principes bientôt répandre leur lumière !, * » On a vu trop souvent profaner les banquets Par ce triste langage et ces vœux indiscrets.