Page:Berenger - La Femme du capitaine Aubepin.djvu/18

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large d’épaules, découvrait avec stupeur qu’il n’entrerait jamais chez sa femme sans se tourner de trois quarts et labourer de son dos le chambranle grossier des portes.

Un matin de mai trois maris quêteurs entrèrent au Petit-Mourmelon, marchant de front, se surveillant mutuellement pour ne laisser aucun d’entre eux, en cas d’heureuse découverte, prendre l’avance sur les autres.

Ils descendaient lentement l’unique rue, qui est la grande route, en jetant des regards lamentables aux écriteaux primitifs qui pendaient aux volets clos.

Certaines vitres crasseuses étaient également garnies d’un carré de papier où l’écrivain public avait calligraphié : Ici on loue des logements.

Ils s’arrêtaient en corps, s’informaient, — ce n’était qu’une unique chambre, — et poursuivaient leur chemin, la tête de plus en plus basse.

Un jeune lieutenant, de mine intelligente et de tournure distinguée, parut prendre le premier son parti de l’inutilité de leurs recherches.

— Après tout, s’écria-t-il tout à coup, nous en serons quittes pour abdiquer nos pouvoirs aux