Page:Berenger - La Femme du capitaine Aubepin.djvu/27

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Il attendit la sortie des voyageurs en regardant impatiemment ceux qui paraissaient aux portes.

Une femme s’avançait hésitante, indécise, serrant contre elle deux petits enfants de trois à quatre ans.

Il alla vers elle aussitôt, en disant de ce ton sec, qui semblait en si parfait accord avec sa physionomie sévère :

— Bonjour, Berthe. Les enfants ont-ils fait un bon voyage ?

La jeune femme poussa les enfants vers leur père, et, sans répondre, releva son voile.

Elle avait vingt-cinq ans environ, une tête fine, expressive et pâle ; rien de correct, mais rien de banal dans les traits ; des yeux très-grands, dont les cils allongés semblaient s’ouvrir sur du velours brun ; des joues assez pleines pour laisser à deux adorables fossettes le loisir de s’y creuser un nid ; une bouche sérieuse, plus sérieuse certes que celle des femmes de cet âge ; et c’était à cette bouche, dont les coins découragés disaient une amertume contenue, que la physionomie tout entière empruntait un caractère vaguement douloureux.