Page:Berenger - La Femme du capitaine Aubepin.djvu/58

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regardez tous deux d’un air si inquiet ? fit-elle en parlant avec effort.

— Oh ! malade !… Vous avez eu tout simplement un évanouissement.

Et le délire, ajouta le capitaine.

Le délire ! répéta-t-elle avec un subit effroi.

Le docteur tourna un œil terrible sur son compagnon.

— Oui, une sorte de cauchemar que la fièvre vous causait, dit-il en s’efforçant de rire. Ces femmes nerveuses !… ne m’en parlez pas.

— Et qu’ai-je donc dit ?…

— Vous !… rien. Vous repoussiez des fantômes que vous aviez cru voir.

— Des fantômes ! ah ! mon Dieu !

— La belle affaire !… J’ai eu des malades, moi, qui, en tombant en faiblesse, croyaient voir l’enfer, le Père éternel et le jugement dernier.

— Tu ne souffres plus ? interrogea le capitaine en serrant sa main moite qu’elle ne retira pas.

— J’ai la tête lourde. Demain il n’y paraitra plus.

— Mes compliments, madame ; voilà ce que j’appelle une vaillante malade.