Page:Berenger - La Femme du capitaine Aubepin.djvu/64

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s’informer de la manière dont sa femme avait mené à terme cette laborieuse besogne.

La matinée était belle, fraiche. Le petit gazon clair-semé du front de bandière caressait le pied paresseux, et comme le jeune officier n’était pas pressé outre mesure, il contourna le campement du bataillon de chasseurs attaché à la 1re division, et s’attarda distraitement le long du sentier qui descend au village.

Il allait, pensant à sa folle jeunesse à laquelle on avait coupé les ailes, et fredonnait le refrain de la vieille chanson :

      Que je voudrais encore avoir vingt ans !

Or, le regret était d’autant plus hâtif que le brillant lieutenant n’avait guère dépassé que de cinq ou six ans cette belle vingtième année, si poétisée.

Un officier, assis sur le bord d’un talus, le regardait approcher avec une attention persistante.

Chaque pas que faisait l’un de ces deux hommes dans cette direction amenait une expression de contentement plus marquée sur le visage de l’autre.