Aller au contenu

Page:Berenger - Le Mariage du tresorier.djvu/105

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

avec une inexprimable sensation de confusion et d’ivresse qu’il avait laissé échapper son secret.

Eudoxie Boinvilliers n’avait rien vu, rien entendu de cet accord de deux âmes qu’elle eût volontiers séparées à son profit, — les avantages du lieutenant Périllas restant toujours fort au-dessous de ceux du trésorier ; — mais l’instinct envieux, qui sommeillait rarement en elle, l’avertit que quelque chose de sérieux avait dû s’échanger entre les jeunes gens. Georges était transfiguré, et Valérie portait sur son espiègle visage la gravité sereine d’une résolution prise.

— Il est, je crois, temps de parler, se dit la bonne âme, qui savait posséder, depuis la veille, un moyen sûr de semer l’anxiété dans la joie trop visible de son amie.

Pourtant, l’heure lui semblant mal choisie pour lancer ses flèches venimeuses, elle jugea plus habile, plus raffiné, de laisser les choses s’engager plus avant encore, prévoyant avec sagacité que, plus les liens seraient forts, plus douloureux serait leur brisement.