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Page:Berenger - Le Mariage du tresorier.djvu/45

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Les deux pauvres femmes, habituées à l’aisance trompeuse des grades supérieurs que n’accompagne aucune fortune personnelle, s’étaient brutalement trouvées en face d’une position plus que difficile. Huit cents francs de pension de veuve d’officier, cinq cents francs de rente, débris d’une petite dot engloutie dans de coûteux changements de garnison, c’étaient là leurs seules ressources.

On se réfugia à un cinquième étage, on vécut de privations et l’on se trouva, toutefois, bientôt assailli de dettes criardes. La mère ne quitta guère le lit ; la fille, humiliée, désespérée, consentit alors au plus grand sacrifice que pût accomplir son orgueil : elle chercha des leçons de musique.

Avoir été la belle et radieuse Judith de Clarande, la fille enviée du colonel du 17e hussards, et venir échouer misérablement dans les courses au cachet ! En acceptant chaque jour cette épreuve, la fière jeune fille cherchait avec une avidité fiévreuse le moyen de s’y soustraire. Elle se sentait faite pour d’autres destinées, qu’un hasard heureux pouvait faire naître. C’est pourquoi elle en acceptait volontiers l’aventureuse collaboration.