Aller au contenu

Page:Berenger - Le Mariage du tresorier.djvu/53

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

une teinte de mélancolie, les gens qui ont souffert apprennent à juger sainement et vite.

— Ah çà ! voilà deux ou trois fois que je vous surprends à soupirer une sorte d’élégie rétrospective… Êtes-vous donc si malheureux ?

— Pas tant que cela. J’ai seulement une part… un peu plus libérale, des peines humaines.

— Oui ! fit Périllas en riant, peines de cœur… chagrins amers… soupçons… trahisons… désolations… que sais-je ! N’avons-nous pas tous passé par là ?

— Bah ! êtes-vous bien sûr que j’en sois encore à payer mon tribut à ces sortes de catastrophes inévitables ?

— On ne le croirait pas à voir les regards attentifs dont vous poursuivez depuis un instant notre jolie hôtesse.

— En effet, il ne me semblait pas l’avoir encore aperçue.

— Ah ! vous prenez votre revanche, monsieur le distrait.

Le trésorier détourna les yeux sans embarras.

— Elle paraît infiniment agréable, dit-il simplement.