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Page:Berenger - Le Mariage du tresorier.djvu/72

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— Non, je suis mouillée, voilà tout. J’arrive de Vincennes, les omnibus étaient pris d’assaut ; j’ai dû attendre sous la pluie.

— Tu vas gagner un rhume.

— Qu’y faire ? dit-elle en avançant les pieds vers les tisons noircis que sa mère essayait de ranimer.

Renversée sur une chaise basse, d’un air de découragement amer, elle inspecta du regard le désordre de son humble toilette de ville. La robe noire retombait humide sur les chaussures trempées, enveloppes épaisses et vulgaires d’un pied cambré d’une élégance idéale. La pluie avait collé à son front les boucles déroulées de ses cheveux, et la pâleur de la fatigue s’étendait sur son beau visage.

— Il ne faudra plus sortir par des temps semblables, dit doucement la veuve en passant sa main maigre sur les cheveux de sa fille avec un geste caressant.

Celle-ci, pour toute réponse, eut un sourire navré. Ne savait-elle pas que dans sa voie laborieuse il ne fallait pas s’arrêter sous peine de perdre le fruit des travaux passés ? Ses yeux