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Page:Berenger - Le Mariage du tresorier.djvu/78

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exprimé par sa fille, ne prit plus aucune part à cette conversation, dans laquelle Judith se révéla pour la première fois comme une jeune fille très-forte, très-ambitieuse et parfaitement décidée à se diriger désormais elle-même.

Sosthène, qui n’était ni meilleur ni pire que les jeunes gens de son âge et de son milieu, ressentit une certaine satisfaction en observant la hardiesse avec laquelle mademoiselle de Clarande posait carrément, malgré l’opposition maternelle, les bases de son indépendance future.

Il augura bien de cette émancipation, car il n’avait pas au fond du cœur autant de désintéressement qu’il en affirmait au dehors. Judith était, d’ailleurs, trop belle, trop audacieuse et trop isolée pour ne pas éveiller des sentiments et des espérances confuses dans une imagination de vingt-cinq ans.

— Faisons-la toujours débuter, pensait-il, et qui peut prévoir ?… La reconnaissance est une vertu… Le public est bon prince et ne me disputera peut-être pas les prémices, — que j’aurai bien gagnées, — de ce talent fleuri.

Et il entra au café de Paris, où il avait rendez-