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Page:Berenger - Le Mariage du tresorier.djvu/84

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indifférent à la grâce, à l’esprit, à l’élévation du cœur de la jeune fille, et qu’il faisait de constants efforts sur lui-même pour ne pas témoigner plus expressivement le plaisir croissant qu’il éprouvait en sa présence.

C’est qu’il est bien difficile, même aux plus forts, de résister à la provocante douceur d’une amitié féminine, faite de réserve et de chatteries, et si prompte à se changer en tendresse ardente ; quand celui qui la fait naître est jeune, spirituel, aimant.

Cette amitié d’une belle fille de dix-neuf ans, innocente, franche et libre d’elle-même, offrait d’autant plus de séductions, qu’insouciante ou entraînée, elle sautait parfois à pieds joints sur les petites conventions mondaines, ce qui ne la rendait que plus désirable.

Périllas et Lanternie s’étaient tant bien que mal soustraits au danger, mais Dieu seul savait quels soupirs enflammés le lieutenant avait poussés dans l’ombre ! et la pauvre petite cousine de Lorraine, qui attendait le capitaine, ne se douta jamais du nombre de fois où elle avait été trahie en rêves !