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Page:Berenger - Les Filles du colonel.djvu/11

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lointaine excursion au pays des chimères, ne manifesta ni lassitude, ni ennui, ni impatience. La dame aux pincettes se renversa tout à coup sur son siége avec un geste découragé :

— Comme votre père tarde à rentrer ! dit-elle ; je crains qu’il n’ait rien appris de bon au ministère de la guerre.

La tête brune s’agita vivement.

— Ce serait une injustice criante ! déclara-t-elle.

La tête blonde parut sortir des nuages.

— Et cela t’étonnerait, une injustice ?

— Cela ne doit pas exister.

— Ah ! ma pauvre Marcelle, que tu es jeune !… J’en ai déjà vu assez, moi, pour ne plus guère m’étonner.

— Tu exagères, Judith, dit la voix calme de la mère.

— En quoi donc, ma mère, s’il vous plaît ?

— Tout le monde n’a pas les contre-temps fâcheux qui ont entravé la carrière militaire de ton père.

— Contre-temps ou passe-droits…, toujours est-il que si M. de Clarande, qui aura cinquante-