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Page:Berenger - Les Filles du colonel.djvu/10

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La pince, dans ses mains, semblait, tour à tour, attaquer furieusement ou caresser avec distraction la bûche, qui répandait plus de fumée que de chaleur.

À l’angle opposé, une belle personne d’une vingtaine d’années, nonchalamment étendue dans un fauteuil, jouait avec les rubans flottants de sa ceinture.

Elle fixait dans le vide deux grands yeux bleus, assez semblables, sous leurs cils touffus, à des pervenches dans la mousse.

Une profusion de boucles blondes savamment déroulées encadraient son visage délicatement rosé et d’une suprême distinction.

Près d’elle une jeune fille brune, à la physionomie fraiche et avenante, était assise sur une petite chaise basse, et croisait ses mains mignonnes sur une tapisserie abandonnée.

Quatre heures sonnèrent au timbre fêlé de la pendule.

La conversation languissait. La pince restait immobile. La jeune fille brune étouffa même un léger bâillement.

Seule, la rêveuse du fauteuil, perdue dans une