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Page:Berenger - Les Filles du colonel.djvu/143

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voulait croire certains malins propos, — n’avait pas toujours religieusement gardé à sa femme la foi jurée ?

Lorsque, pour la première fois, madame Myonnet s’avisa de ces réflexions réalistes, elle n’hésita plus que par convenance à se dépouiller de son attirail funéraire ; mais elle commença prudemment par retirer chaque matin, un voile, un crêpe, un signe de deuil trop profond.

Si elle sut garder, du reste, quelques ménagements extérieurs dans sa propre transformation, elle eut infiniment moins de sagesse pour ses sentiments intimes, qui se développaient de plus en plus largement à mesure que tombaient les enveloppes funèbres.

Elle n’avait pas revu M. Adalbert de Poitevy depuis la soirée passée chez madame de Fontille ; mais son image lui était restée présente avec une prodigieuse fidélité et une étrange douceur.

Elle voulait revoir ces beaux grands yeux hardis, et baisser les siens sous leur rayon.

Elle voulait entendre cette voix hautaine, aux aristocratiques intonations, et mêler sa voix troublée à cette parole enivrante.