Page:Berenger - Les Filles du colonel.djvu/179

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La famille de Clarande voyait avec dépit ces départs successifs. Il était vraiment de mauvais ton de rester dans la ville poudreuse, tandis que l’émigration devenait générale.

Madame de Clarande, habituée à paraître, en souffrait dans sa vanité ; Judith se plaignait amèrement ; Hortense se réjouissait, au contraire, par l’espoir de réaliser quelques épargnes dans la saison chaude.

Le colonel avait les oreilles rompues de doléances, et se demandait soucieusement si ce ne serait pas un bon moyen à employer que de céder au désir de Judith pour lui rendre sa gaieté.

Ah ! il y avait beaucoup à faire pour effacer les nuages de ce front capricieux, car la blonde fille souffrait, dans le secret de sa pensée, toutes les tortures de l’inquiétude, sans redouter encore, toutefois, la honte de l’abandon.

La conduite du commandant de Poitevy à son égard devenait de plus en plus indéchiffrable. Il ne la fuyait pas encore, mais il ne la recherchait plus.

Elle se sentait battue en brèche, sans deviner d’où venait l’occulte rivalité dont son instinct féminin s’alarmait.