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Page:Berenger - Les Filles du colonel.djvu/189

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— Écoute, chérie… il ne méritait pas toute l’estime que nous lui accordions, vois-tu… puisqu’il est capable de préférer la richesse à l’amour. On oublie facilement, crois-moi, celui qu’on n’estime plus.

Judith se dégagea des bras de son père, en étendant les mains devant elle comme pour repousser un spectre.

— Assez… assez… dit-elle ; mon père, sachez-le bien, M. de Poitevy n’existe plus pour moi !

La jeune fille posa ses lèvres froides sur le front de l’excellent homme, et s’élança hors du cabinet.

Il voulut la retenir. Elle avait franchi les escaliers et se rejetait déjà dans la calèche, qui, sur un signe, repartit au grand trot.

Elle avait oublié sa couturière, sa toilette à sensation, ses courses dans les magasins/ Que lui importait aujourd’hui !

Blottie contre les coussins, sa voilette abaissée, son ombrelle abritant son visage, elle inclinait la tête pour ne pas reconnaître les passants, et de grosses larmes, chaudes et lourdes, tombaient de ses yeux clos.