Page:Berenger - Les Filles du colonel.djvu/190

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Elle pleurait, l’altière fille, son ambition déçue, ses espérances détruites, sa beauté dédaignée.

Peut-être pleurait-elle aussi le seul rayon d’amour qui eût jamais, non pas échauffé, mais caressé son cœur sec.

À mesure qu’on approchait de la Bouletière, ses larmes se tarirent. La faiblesse naturelle, un instant surprise, disparaissait déjà, et l’orgueil de la femme reprenait le dessus.

Madame de Clarande, Hortense et Marcelle travaillaient sous les platanes, lorsque le bruit bien connu de la calèche, entrant dans la cour, les fit sursauter.

Qu’était-il arrivé ? Et comment Judith revenait-elle si vite ? On courut à sa rencontre, mais elle-même venait à la hâte pour les rassurer. Elle était pâle, mais sa voix ne tremblait plus.

— Ce n’est rien, dit-elle ; mon père va très-bien.

— Mais tu n’as rien fait à Vienne ?

— Non. J’ai modifié mes projets en apprenant, dès mon entrée dans le cabinet du colonel, une nouvelle intéressante.

— Ah !… Quelle nouvelle ?