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Page:Berenger - Les Filles du colonel.djvu/195

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Aussi Rulmann était-il investi de pleins pouvoirs et d’une confiance dont il était justement fier.

Madame Myonnet ne précipitait rien, ne donnait rien au hasard ; elle attendait qu’une transformation, lente mais positive, eût changé définitivement en rêves dorés les rêves de beauté et de position si longtemps caressés par M. de Poitevy.

Peu à peu elle le voyait venir à elle, — à elle qui n’avait plus de jeunesse et n’avait jamais eu de beauté ! — elle le voyait délaisser sa dangereuse rivale, et son cœur éprouvait, de ce succès colossal, une ivresse sans seconde.

Le jour où, décidé enfin à être riche d’abord et avant tout, le commandant Adalbert de Poitevy lui demanda le don de sa grosse main vulgaire, elle la laissa tomber dans les siennes, en éteignant, par prudence, sous ses paupières à demi fermées, le regard noyé d’extase qui l’aurait trahie.

Avec plus de bon goût qu’on ne pouvait en attendre de cette vaniteuse organisation, madame Myonnet exprima le désir de se marier sans aucune pompe.