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Page:Berenger - Les Filles du colonel.djvu/202

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mur : le mur était tombé et n’avait pas été relevé.

Une palissade lui avait succédé ; les petits bergers du voisinage avaient brisé la palissade pour venir dénicher des oiseaux ou ramasser des glands. Ces dévastations réitérées avaient amené le propriétaire à renoncer à sa clôture, et aucune barrière ne séparait plus le petit bois de la route de Beaurepaire. C’était un coin privilégié en cette saison ; l’ombre y était épaisse, la mousse fraîche, l’herbe drue, et parfois le silence y régnait si profond, qu’on n’y entendait que le bruit sec du gland mûr se détachant de sa capsule.

Depuis ses récentes déceptions, Judith, saisie d’un farouche accès de sauvagerie, recherchait cette attrayante solitude.

Ce n’était pas, cependant, que son esprit positif éprouvât d’une façon bien pénétrante la poésie ineffable de la nature ; mais, dans la calme fraîcheur de la campagne muette, elle se sentait plus reposée, plus apaisée, moins malheureuse.

C’est qu’elle avait beaucoup souffert depuis quelques mois.

Il lui restait de cette épreuve, non de la rési-