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Page:Berenger - Les Filles du colonel.djvu/203

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gnation et de la miséricorde, mais de la colère et du découragement. Elle avait perdu l’intégrité de sa foi dans le prestige de sa beauté, Elle était humiliée… jalouse, non pas certes de l’amour de M. de Poitevy, dont elle avait apprécié la valeur, jalouse des séductions que la fortune, dont elle était dépourvue, prêtait à sa ridicule rivale.

Ces pensées, qui flottaient incessamment dans son cœur malade, amenaient dans ses yeux des larmes de dépit.

Après avoir erré machinalement à travers les méandres du petit bois, elle se laissa tomber, lassée, sur la mousse, au pied d’un chêne centenaire, dont les ramures géantes allaient projeter leur ombre jusque sur la grande route.

Le front dans les mains, les yeux perdus dans les lointains vaporeux que le soleil piquait çà et là de paillettes dorées, la jeune fille se demandait quel prince Charmant surgirait maintenant pour elle, et quel philtre devait être employé pour faire de la réalité tangible avec la féerie insaisissable.

Elle avait sondé le 17e hussards : des ambitieux comme M. de Poitevy, ou des officiers sans ave-