Aller au contenu

Page:Berenger - Les Filles du colonel.djvu/229

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

pudeur naïve que toute sa légitimité ne parvenait pas à rendre acceptable. Il va sans dire que le luxe du nouveau couple éblouissait la ville et exaspérait les rivalités de régiment. Du reste, le commandant ne se gênait guère pour laisser entendre qu’il n’attendait que la réalisation de la fortune territoriale de sa femme pour donner sa démission et habiter Paris.

Paris était en effet le seul théâtre où il pût vivre suivant ses goûts, ses anciennes habitudes et ses nouveaux désirs.

Rulmann, l’ancien maréchal des logis, suivant les ordres reçus, travaillait avec intelligence à mettre les propriétés en état d’être avantageusement vendues et les baux à même d’être résiliés sans trop de perte. Il était devenu un personnage important. On lui donnait du Monsieur l’intendant à travers le visage, ce qu’il acceptait sans sourciller, avec l’entière conviction de son mérite.

Madame Rulmann — jadis vulgairement appelée Gretchen tout court — remplissait dans la maison les fonctions de femme de charge. Le premier acte de son autorité, doublée de jalousie, fut de desservir Justine, la femme de chambre