Page:Berenger - Les Filles du colonel.djvu/228

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

des lieutenants imberbes ou des capitaines ventrus n’était doublé d’un épouseur sérieux. La jeune fille le savait, en enrageait et n’en faisait rien paraître : il y avait trop de regards intéressés curieusement fixés sur elle.

D’abord, ceux de M. Ernest Samson, qui, dans les rares salons où il se montra, se donnait la joie mélancolique de suspendre son âme amoureuse au regard bleu de Judith.

Ensuite, ceux du commandant Adalbert de Poitevy, qui n’eût pas été fâché, dans son intime fatuité d’homme irrésistible, de constater qu’on le regrettait toujours ; satisfaction, du reste, qui ne lui fut pas accordée.

Enfin les yeux venimeux de madame Apolline de Poitevy, la très-heureuse, très-enviée, très-rayonnante épouse du brillant chef d’escadrons.

Le bonheur ne l’avait pas embellie, ce qui prouve surabondamment que nulle chose au monde n’en était capable ; mais le triomphe la gonflait de telle sorte qu’il menaçait de rompre les solides enveloppes de ses formes opulentes.

Elle était littéralement oppressée de l’inattendu de son bonheur, et l’étalait avec une sorte d’im-