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Page:Berenger - Les Filles du colonel.djvu/231

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dont le bataillon rejoignait le 204e de ligne à Saint-Étienne. Ne plus voir, ne plus gâter les chers orphelins !… La pauvre fille n’osa s’avouer qu’elle regretterait peut-être aussi le visage triste, le langage concis du père reconnaissant. Il est certaines femmes d’élite que le malheur attire plus que l’amour.

La veille du départ, le capitaine et ses enfants firent leurs adieux officiels au colonel de Clarande, qui les retint à dîner. Ce fut une douce et navrante soirée pour Hortense, qui se demandait tristement qui donc la remplacerait un jour dans la naïve tendresse des enfants et dans le souvenir du père.

Le lendemain à l’aurore, le capitaine Aubépin quitta Vienne à la tête de sa compagnie. Il traversa le quai désert et tourna les yeux vers cette maison du colonel qui lui avait été si hospitalière. Il savait bien qu’aucun visage ne guettait cet adieu, et son regard, après avoir longuement caressé les fenêtres closes, se reporta, tout chargé d’infini découragement, vers l’horizon brumeux du Rhône.

Que lui gardait l’avenir ? Et quelle sympathie