Page:Berenger - Les Filles du colonel.djvu/30

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Trois chefs d’escadrons, M. Fontille, M. Adalbert de Poitevy, et le troisième en congé.

Le commandant Fontille était un être excellent, un cœur d’or, d’un commerce sur, d’un avenir borné, auquel sa femme reprochait parfois de n’avoir pas parcouru une plus brillante carrière, et qui avait consciencieusement fait tous ses efforts pour y parvenir.

Le commandant Adalbert de Poitevy était l’orgueil et la fleur aristocratique du régiment. Taille qui perdait de sa finesse printanière pour acquérir la grâce majestueuse de la trente-cinquième année. Cheveux en coup de vent, d’un blond vif, dont l’habile éparpillement faisait miroiter des filons dorés, brillants, irrésistibles.

Sa moustache avait des propensions naturelles à se pencher mélancoliquement sur une bouche spirituellement coupée ; mais la mise en lumière de cette bouche mordante réclamait impérieusement un autre tour de moustaches.

Et c’est pourquoi on les voyait apparaître le matin, au quartier, crânement relevées en crocs, la pointe à la hauteur des oreilles.