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Page:Berenger - Les Filles du colonel.djvu/47

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Tout était contraste chez cet homme. La fermeté, la presque dureté des traits s’atténuait par la tristesse infinie du regard.

Les traces d’un chagrin mystérieux s’étaient gravées en lignes ineffaçables sur le grand front pensif, et la voix, naturellement brève, prenait par instants des inflexions doucement caressantes.

La bouche était amère, le geste rare, toute la personne raidie ou glacée.

Ses enfants seuls animaient ce marbre.

Il n’était pas beau, il n’était plus jeune, il ne pouvait passer inaperçu, car on devinait en lui le mobile ou la victime d’un grand malheur.

On causa quelques minutes encore, puis M. Aubépin prit congé de madame Fontille, emmenant ses enfants qu’Hortense embrassa, le cœur tout ému.

Dès que la porte se fut refermée sur eux :

— Ainsi, s’écria-t-elle, ces pauvres anges sont orphelins ?

— Depuis trois ans,

— Oh ! les chers petits !

— Leur mère, une jolie et charmante femme, est morte au camp de Châlons de la manière la plus horrible.