Page:Berenger - Les Filles du colonel.djvu/63

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« S’est-elle même rendu compte de mon existence ? » se demandait-il encore avec une secrète amertume.

Il semblait bien à Marcelle qu’elle avait entrevu cet officier blond, modeste, effacé, tantôt sur le quai, dans l’attitude d’un flâneur émérite, tantôt sur les degrés de l’église Saint-Maurice, à la sortie des offices.

Rien en lui n’attirait le regard, d’ailleurs, et dans le corps d’officiers élégants et fantaisistes du 17e hussards, le lieutenant Duval avait beaucoup de chances pour rester au troisième plan.

Retiré dans l’angle d’une porte, les yeux rivés à ce gracieux tourbillon de mousseline qui avait nom Marcelle, le pauvre garçon n’osait se lancer dans l’étincelante mêlée.

Il se savait inhabile, guindé, et redoutait par-dessus tout de montrer son inaptitude aux jolies conventions qui sont la monnaie courante du monde.

Il se demandait par quel miracle inespéré il arriverait jamais à se rapprocher de son rêve, ne fût-ce que pour entendre le son de sa voix, car, pour l’inviter à danser ! grand Dieu !… il se sen-