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Page:Berenger - Les Filles du colonel.djvu/77

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Ses meilleurs amis insinuaient toutefois que le noir lui rendait trop de services pour qu’elle consentît jamais à le quitter.

Réellement, le noir adoucissait et mitigeait la remarquable laideur de la veuve, dont le visage bourgeonné, la taille courte, les mains épaisses, faisaient comprendre qu’elle regrettât si fort l’homme courageux qui l’avait aimée.

Elle avait une grande fortune, pas d’enfants et vingt-neuf ans depuis quelques années.

Elle se savait laide et ne s’en attristait pas outre mesure, ayant toujours trouvé des flatteurs et des complaisants prêts à sourire à sa richesse.

Elle faisait entendre à ses intimes que le plus opulent agent de change de Lyon sollicitait sa main, mais que le souvenir toujours vivant de M. Myonnet s’opposait à tout projet de ce genre. Elle était suffisamment intelligente, médiocrement instruite, inexorable pour la jeunesse et la beauté.

À ces titres, les filles du colonel devaient subir sa censure. Madame veuve Myonnet trouvait même en elles une proie si appétissante qu’elle