Aller au contenu

Page:Berger - Les Femmes poetes de l Allemagne.djvu/21

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ment et à leurs facultés, sont le chant lyrique et le roman ; elles traduisent leurs émotions ou leurs rêves, analysent l’âme humaine et spécialement l’âme féminine. Quelques-unes montrent une vraie originalité : telle la Viennoise Betty Paoli, dont les plaintes s’expriment parfois en vers harmonieux ; ou la Westphalienne Annette de Droste-Hülshoff, peintre fidèle des mœurs rustiques et des vieilles traditions de sa province ; telle surtout cette malicieuse Bettina Brentano, qui a su bâtir un si joli roman sur ses relations avec Goethe.

Le temps où la littérature allemande grandissait sous l’égide de Goethe a été le plus favorable aux femmes poètes les grands exemples qui leur venaient de Weimar leur servaient de règle et d’appui. Le romantisme leur a été funeste, le naturalisme les a dévoyées ; les rêves d’émancipation les ont perdues. Portées par leur nature à l’exagération, elles ont dit au Génie de la poésie ce que lady Macbeth dit à l’Esprit de mort : Unsex me, « Dépouille-moi de mon sexe » ; et quelques- unes d’entre elles se sont laissées aller à des orgies de pensée et à des crudités de langage