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Page:Berger - Les Femmes poetes de l Allemagne.djvu/40

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Muse qu’une mort prématurée fit deux fois la favorite des dieux.

Née en 1621, à Greifswald, Sybilla, dont l’instruction fut poussée jusqu’à l’étude des langues mortes, ce qui était rare à cette époque, écrivit des vers dès l’enfance. Elle fut fidèle à cette vocation, malgré les blâmes et moqueries que ne lui ménageaient, paraît-il, ni ses parents ni ses maîtres.

L’admiration de la nature, les plaisirs de l’amitié furent d’abord ses sources d’inspiration ; puis, précocement, elle salua et chanta l’amour avec une intensité d’expression que procure seule d’ordinaire l’expérience de ce sentiment, alors qu’elle ne le connaissait en réalité que d’après ses lectures ou les conversations entendues. Çà et là, se rencontrent même dans ses poèmes des peintures ou des réflexions qui peuvent étonner chez une adolescente, mais dont la naïveté, justement, trahit le concours de l’imagination.

Cette tendance, et aussi le portrait qui reste d’elle — un visage à la fois malicieux et rêveur, au regard ardent, aux lèvres voluptueuses, et auréolé d’une opulente cheve-