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Page:Berger - Les Femmes poetes de la Belgique.djvu/145

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belge sans être ramené à chaque instant vers Mlle van de Wiele.

Non seulement, comme romancière, elle continua la tradition des Caroline Popp et des Caroline Gravière[1], en renouvelant, en rajeunissant leur « manière », mais, encore, elle garda le constant souci de donner à son pays une œuvre nette, morale, probe, dans une forme littéraire à la fois virile et délicate que beaucoup de ses contemporains pourraient lui envier.

Elle est une laborieuse, et bien que devant à sa plume, seule, le pain quotidien, elle n’a jamais consenti à une seule compromission. Romancière, novelliste, critique, conférencière brillante et infatigable, gardant son franc parler et ne suivant que les indications de sa conscience, elle a pu se faire des ennemis, mais il n’est personne qui ne l’estime, car elle est toujours prête à servir une cause qui lui paraît juste, et le fait avec une bonne grâce et un dévouement dont l’action est encore augmentée par son grand charme de persuasion.

Elle a particulièrement réussi dans les chroniques d’art ; dès ses débuts, elle a jugé l’état d’esprit de son époque et n’a point pris de détours pour donner son avis.

Ne résumait-elle pas, vers 1880, son opinion sur la littérature nationale en ces lignes incisives : « Quelques jeunes qui se mangent entre eux, quelques vieux qui regardent les jeunes. Tous plus

  1. Voir le chapitre précédent, page 64.