Aller au contenu

Page:Berger - Les Femmes poetes de la Belgique.djvu/15

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

il existe, entre la Belgique et la Hollande, des différences essentielles, des oppositions aussi profondes que subtiles dont l’importance s’affirme davantage à mesure qu’on les observe de plus près.

Ce que disait Eugène Fromentin, à propos de l’histoire de la peinture dans les deux pays, est également vrai pour la littérature : « La Hollande serait ici avec toutes choses et toutes gens qu’elle n’a pas connues, qu’elle a reniées, contre lesquelles elle a combattu cent ans et dont son génie, ses instincts, ses besoins, par conséquent sa destinée, devaient nettement et violemment la séparer. De Moerdrick à Dordrecht, il n’y a que la Meuse à passer : il y a tout un monde entre les deux frontières[1]. »

Toutefois, le spectateur étranger est parfois dérouté par le sentiment de fierté qui fait, en certains cas, revendiquer par les deux pays le même homme de génie… ou de talent.

Les grands peintres de l’école flamande sont traités par les Hollandais en compatriotes, de même que les historiens de la littérature néerlandaise comptent à l’actif de la Hollande, sous la classification : Zuid-Nederlandsche Letterkunde (littérature de la Hollande méridionale), le groupe flamand qui, de Willems à Frank Lateur, en passant par Hendrik Conscience, Van Duyse, Ledeganck, Van Beers, Guido Gezelle, Pol de Mont et le cercle plus jeune de Van nu en Straks, tra-

  1. Les Maîtres d’autrefois (Plon, édit.).