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Page:Berger - Les Femmes poetes de la Belgique.djvu/154

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mède lyrique, de Heine[1], traduit de l’Intermezzo, et suivi de Premières rimes, sa moisson toute personnelle. Les poèmes traduits de l’Intermezzo ont la grâce et l’émotion qui font le charme de ces pages en leur langue originale ; la transcription, toutefois, ne rend pas certaines images avec la force qu’elles revêtent en la langue de Heine ; on le sent, par exemple, dans le diptyque en deux quatrains devenu célèbre :

Ein Fichtenbaum steht einsam…

ce sapin du Nord qui, solitaire, en son steppe glacé, rêve au palmier dont l’éventail ensoleillé s’épanouit, là-bas, si loin, en l’infini des sables d’or…

Meilleures sont les stances d’amour où le poète pleure la bien-aimée qu’un rival heureux lui a prise.

Le romantisme qui imprègne les poèmes de Heine a déteint sur l’œuvre personnelle de Mme J. de Tallenay. On y retrouve même, par endroits, la forme chère à l’auteur de l’Intermezzo, comme dans ce Deuil :

Dans l’océan profond naquit la perle. Sous le gazon épais la douce fleur. Sur un chêne élevé chantait le merle, Et moi, j’avais ton cœur. Dans un brillant écrin mourut la perle. Sous le gazon épais la douce fleur. Sur le chêne élevé pleura le merle, Moi… je perdis ton cœur !

  1. Ollendorf, édit., Paris.