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Page:Berger - Les Femmes poetes de la Belgique.djvu/155

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Ailleurs, ce romantisme affecte une expression plus française. On pense à des strophes de Lamartine… ou de ses disciples, en lisant cette description :

Le soleil se couchait dans sa gloire infinie,
La mer, à son baiser, se calmait, aplanie,
Sous des torrents de feu ;
Et dans l’embrasement de toute la nature,
Dans ce ciel, dans cette eau, dans ce vivant murmure,
Se sentait l’œil de Dieu !
Quand, d’un effort puissant, ta profonde pensée
Cherchait dans ces lointains, pour ton âme blessée,
Un endroit de repos ;
Lorsque, le cœur ému par la Beauté suprême,
Je répétais tout bas un splendide poème
Dans ton esprit éclos,
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N’as-tu pas ressenti dans la nuit embaumée,
Descendant lentement sur la terre enflammée,
Un singulier frisson ?
Ne te semblait-il pas que les ailes d’un ange
Produisaient dans les airs une musique étrange,
Un doux et triste son ?…

Oui, ce sont bien là les ondulations régulières. d’une calme respiration, qu’elle s’exhale d’une poitrine humaine ou d’une houle étale ; ce rythme reposant, un peu monotone à la longue, que le chantre des Méditations porta jusqu’à la perfection harmonieuse, des inspirés moins doués le transformèrent, trop souvent, hélas ! en mélodies pour orgues de Barbarie !

Mme de Tallenay a su, dans plusieurs poèmes, garder au vers lamartinien sa pureté, sa musique, sa profondeur, ainsi qu’en témoignent les pièces