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Page:Berger - Les Femmes poetes de la Belgique.djvu/18

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ver aujourd’hui en prononçant son nom, en évoquant ses décors !…

Avoir senti palpiter le cœur médiéval du vieux Bruxelles, avoir visité la cathédrale et le Musée Plantin d’Anvers, contemplé les Memling de Bruges, erré dans les dédales patinés de Malines l’heureuse », rêvé sur les remparts de Namur au pied desquels la Sambre et la Meuse mêlent l’harmonie de leurs ondes, ou le long des dunes septentrionales — front houleux que sillonne la veine ardente de l’Yser —, s’être recueillie dans la bibliothèque de Louvain et agenouillée sur le tertre de l’Aigle, à Waterloo, tout cela n’explique-t-il pas la révolte et l’angoisse souffertes devant la destruction possible et barbare de ces merveilles, de ces reliques et l’amertume d’avoir dû pleurer sur les ruines de la plupart d’entre elles ?

Nommer la Belgique, depuis 1914, n’est-ce pas aussi se souvenir qu’un jour, lorsque la France, déjà, sentait peser sur les ailes de ses drapeaux l’invasion ennemie, elle put se redresser soudain, elle se vit sauvée parce que l’élan des « masses profondes » était contenu, retardé, brisé, grâce au geste fraternel, loyal, héroïque du peuple ami qui, mettant en pratique sa généreuse devise, l’Union fait la force, sacrifiait son intérêt personnel à la cause commune ?

Et c’est pourquoi, en effet, en traçant ces lignes, je me sens étrangement troublée. Quand, la guerre finie, je quittai les tâches que le devoir patriotique m’avait fait entre-