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Page:Berger - Les Femmes poetes de la Belgique.djvu/28

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On a coutume de dire que la littérature belge n’exista point avant 1880.

Il ne faut pas oublier, pourtant, que la Belgique apporta son contingent, son influence dans les premières manifestations de la littérature française et de la littérature germanique.

Au moyen âge, plusieurs de nos provinces septentrionales, l’Artois, le Cambrésis lui appartenaient. C’est dans le pays des trouvères et des puys qu’on vit éclore les premières fleurs de nos cycles des Chansons de Geste, la Cantilène de Sainte-Eulalie, l’Histoire d’Aucassin et de Nicolette, la Berthe aux grands piés d’Adenès le Roi, les Quatre fils Aymon et peut-être aussi le Roman de Renart, auquel certains critiques donnent une source flamande[1].

Une autre cause de la naissance tardive d’une littérature belge est la particularité du bilinguisme qui se manifesta en ce pays et qui mit longtemps des entraves à la formation, à l’expansion de la pensée nationale.

Les Wallons et les Flamands se partagent, en effet, d’une façon à peu près égale, le territoire de la Belgique. L’esprit de rivalité qui les séparait, il y a quinze siècles, n’a, d’ailleurs, pas disparu.

Les Wallons, formés d’un mélange celte et roman, présentent le caractère et les tendances

  1. M. André M. de Poncheville, l’animateur des Amitiés de France et de Flandre, a raison d’affirmer : « Dans le domaine de l’esprit, la Belgique fait partie de la plus grande France, ayant contribué à la créer, et de quelle importante contribution. »