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Page:Berger - Les Femmes poetes de la Belgique.djvu/31

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Les « marchands de chansons » abondaient sur les marchés, dans les kermesses ; le soir, dans les veillées familiales, appelées écraignes, à la lueur du crasset, petite lampe à huile, on se transmettait ces chansons, avec les récits populaires, les légendes, comme cela se passait en Lorraine, autour du copion de verre à mèche fumeuse, en Bretagne sous la lueur vacillante du golo lutil, ou au fond des burons auvergnats, près des tchares et des luns de cuivre accrochés par leur crémaillère de bois aux poutres enfumées du plafond.

M. Van Eeghem, professeur à l’Athénée royal d’Anvers, a réuni dans une brochure les plus connus des chants flamands du XIIIe au XXe siècle[1].

Il y regrette qu’avant le XIIIe siècle le dédain des intellectuels pour les manifestations de l’âme populaire n’ait pas permis (l’imprimerie n’existant point) de conserver sur le parchemin, qui coûtait cher, ces documents primitifs. M. van Eeghem démontre que la chanson jouit d’une vogue constante en Flandre jusqu’au XVIIe siècle ; elle déclina ensuite, comme, d’ailleurs, tout le mouvement littéraire, « par suite de l’émigration des forces vives de la nation en Angleterre ou en Hollande devant le régime de la tyrannie espagnole ».

  1. Chansons populaires flamandes du XIIIe au XXe siècle. Cette brochure servit de thème à une conférence que M. van Eeghem fit à Fécamp, où il se trouvait en 1916, comme délégué au Collège de jeunes gens. Des soldats belges chantèrent les chœurs de ces chansons.