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Page:Berger - Les Femmes poetes de la Belgique.djvu/74

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cette contrée : « Une femme qui voudrait établir à Bruxelles, dans sa maison, un tribunal de littérature, serait vilipendée, bafouée, et, loin d’obtenir de la considération, chacun aurait pris pour elle le plus grand mépris[1]. »

Que nous sommes loin des salons français contemporains, de ces « bureaux d’esprit » dans lesquels nos célèbres Parisiennes du xviiie siècle tenaient, dans une attitude souveraine, leur sceptre enguirlandé de roses !…

L’érudition, seule, occupait, en Belgique, les cerveaux masculins qui faisaient effort pour briser la glace d’apathie où se figent les meilleures volontés.

On peut donc dire que le mouvement de réaction qui se produisit en 1880, à l’heure de la proclamation de l’indépendance territoriale de la Belgique, fut plutôt une naissance qu’une renaissance.

Soyons fiers de penser que la France y joua son rôle, non seulement en aidant les Belges à secouer le dernier joug étranger, mais encore en favorisant, par la suite, l’expansion intellectuelle jusqu’à la vraie Renaissance belge de 1880, celle qui proclama le droit à la vie du pays et rendit évidente une personnalité nationale qu’on vit s’affirmer ensuite, de jour en jour, avec plus de maîtrise, afin d’apporter son contingent de richesses au trésor de la Pensée humaine.

  1. Revue latine du 25 septembre 1907.