Page:Bergerat - Contes de Caliban, 1909.djvu/109

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— Alors, Mme  Galoix le veut blond, évidemment. Je le ferai châtain, monsieur Galoix, et la nature choisira. Comptez sur moi, vous aurez votre idéal après-demain.

Et il prit congé du charcutier.

Dès que celui-ci fut au bas de l’escalier, Lazoche piqua une tête et se mit à danser sur les mains, avec tous les signes d’un enthousiasme évident. Puis il prit une belle toile blanche et l’installa sur son chevalet.

— Joues rebondies, songeait-il, cheveux frisés et de grands yeux qui vous regardent. Telles sont les données ; c’est l’idéal de ce charcutier ! Essayons.

Et il commença à tracer un grand cercle, il dessina deux petits cerles parallèles, et un autre plus petit sous ces deux-là ; et ayant rempli les uns de bleu, et les autres de rouge, il vit que cela était déjà bien et représentait à miracle le visage, les yeux et la bouche de l’idéal. Alors, il continua de travailler dans ce sens, et quand il eut parachevé ce chérubin, il s’en fut le porter à son charcutier.

— C’est surprenant, lui dit Galoix, et même je reconnais quelques traits de ma propre physionomie.

— Je m’en suis inspiré, salua le peintre.