Page:Bergerat - Contes de Caliban, 1909.djvu/110

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— Voilà vos cent francs, monsieur Lazoche.

Mme Galoix restait confondue d’admiration, et il était facile de constater que ses yeux étaient déjà pris par cette pleine lune et que le charme opérait. Cependant, elle émit une observation :

— N’auriez-vous pas pu, dit-elle, lui ajouter quelques ornements, un ruban, ou une fleur, par exemple, ou même lui mettre une main tenant un hochet ?

— J’y avais pensé, madame, mais j’ai craint que fleur ou hochet, l’ornement ne se reproduisît à quelque place imprévue sur le corps du nouveau-né. Ce sont là, d’ailleurs, des détails supplémentaires qui doivent être l’objet de commandes à part et qu’on ne peut prendre sur soi d’entreprendre sans un désir formel et réitéré de la famille.

La chance voulut que l’enfant de la charcutière ressemblât épouvantablement à cette boule enluminée. L’événement fit du bruit aux Ternes : les commères en parlèrent, et il vint d’autres commandes à Lazoche. Aussi multiplia-t-il ses idéaux. Il en fit pour tous les corps de métiers et pour tous les goûts, son atelier était rempli de têtes d’enfants, rondes, ovales ou carrées, rouges ou pâles, graves ou souriantes, expressives ou neutres. Il en avait un choix inépui-