Page:Bergerat - Contes de Caliban, 1909.djvu/123

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— Elle ne parle que l’allemand, dit-elle.

Et celui en qui réside toute justice établit l’équation suivante :

— Douze mille trois cent vingt-HUIT péchés d’une part, de l’autre douze mille trois cent ving-NEUF vers de Virgile, la balance penche pour Orderic, mais d’un vers, il a de la chance !

Satan s’était élancé :

— Un instant, clama le méchant, le moine n’a pas babuiné le dernier vers du douzième chant de l’Énéide. Donc les péchés égalent les vers. Or, à égalité, c’est la règle, je l’emporte.

— Alors l’Éternel secoua la tête, étendit son sceptre et dit au moine :

— Retourne à Saint-Evroult calligraphier ton vers.

Et c’est ainsi qu’Orderic ressuscita.

Mais il était temps, car quarante ans plus tard le miracle eût été impossible ou inutile, à cause de Gutenberg et de sa bête d’invention.