Page:Bergerat - Contes de Caliban, 1909.djvu/144

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« — Eh bien ?

« — Comment, eh bien ?… Et mon mari !…

« Et feignant une vive crainte à ce sujet, je courus chercher le manuscrit dans mon coffret et je revins le jeter dans la cheminée, où il flamba et, calciné, il s’envola au pays des fumées.

« A la grimace que fit l’auteur, je me raccrochai à l’espérance. Il ne m’avait pas sacrifié tout le poète.

« Mais venons au dénouement, car je ne veux pas vous lasser par mon babillage de femme. A dater de ce jour de la « crémation », M. Arvers se fit plus rare à nos samedis. Puis j’appris de ses inséparables que son coeur s’était accroché sous le lustre à une étoile de la constellation théâtrale.

« — Que devient donc Félix ? interrogeait Adolphe. Il ne nous donne même plus de ses nouvelles.

« Nous en reçûmes pourtant, huit jours avant l’échéance, par le feuilleton du Journal des Débats, où Jules Janin publiait le sonnet, mon sonnet, et lui délivrait son brevet d’immortalité.

« Le poète m’avait préféré la gloire. »

C’est ainsi que l’aimable septuagénaire nous