Page:Bergerat - Contes de Caliban, 1909.djvu/149

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de mes secrets défauts, il ne peut amener Médisance ni Calomnie à s’y désaltérer à mes dépens. De plus, Turc, dont la place n’est pas dans les salons, me dispense d’entrer moi-même dans ces salons, quoique ma place y soit marquée, et cela par la raison bien connue que nous sommes inséparables. Or, comme Médisance et Calomnie tiennent dans ces lieux peuplés leurs grands et petits lits de justice, il s’ensuit que Turc m’évite de me soumettre aux arrêts iniques de ces deux Furies, et que son amitié me vaut à la fois le calme et la sérénité, qui sont les bases sur lesquelles repose ma vie. Felix qui potuit !…

Le 1er mai 18…, le chevalier se réveilla maussade, et décrochant son almanach de la muraille, il l’étendit sur ses genoux repliés, puis il se tint ce petit monologue :

— Allons ! c’est aujourd’hui, bien décidément ! Il n’y a pas possibilité d’en disconvenir. Le mieux, chevalier, c’est d’en prendre votre parti, puisque vous avez été assez godiche pour donner votre parole !

Depuis un bon moment, Turc grattait à la porte et, pour la première fois peut-être, son ami ne l’entendait point, tant sa préoccupation était grande. N’y comprenant rien et craignant