Page:Bergerat - Contes de Caliban, 1909.djvu/150

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que son ami fût devenu sourd, Turc imagina d’aboyer formidablement et comme il sied de le faire en pareille perplexité. Le chevalier bondit à l’autre bout de son lit et ouvrit la porte sans plus de façons. Turc sauta au cou de son intime et, les yeux étincelants de joie, il commença à lui débarbouiller le visage de manière à le dégoûter pour toujours de la propreté.

— Bon ! bon ! mon cher ! criait le chevalier, oui, oui, c’est toi, je le vois bien ! Mais que diable ! tu t’impatientes aussi ! Et puis la vérité est que je n’avais pas entendu. Allons, c’est fini : donne-moi une poignée de patte et songeons à faire notre promenade apéritive ! Il fait un temps superbe, et, comme l’a dit le Père Malebranche, « le plus beau du monde pour aller à cheval sur la terre et sur l’onde ! » Va me quérir ma culotte, et si tu es sage, nous…. Enfin tu verras !

Turc prit délicatement dans sa gueule la culotte de M. de Frileuse, et cela sur le parquet même où elle reposait, et il la remit à son ami. Le chevalier sauta à bas du lit en sifflant un air de chasse, si guilleret et si plein d’harmonies lointaines que Turc en fit trois bonds par la chambre, la queue en l’air.

— Vois-tu, disait le chevalier en délayant