Page:Bergerat - Contes de Caliban, 1909.djvu/167

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qui, vous vous en souvenez, rayonnait de toute sa personne. Lorsque le bon Dieu se mêle de les faire lui-même, il les fignole, et il n’y a plus qu’à tomber à genoux ou fuir, car elles dégagent l’irrésistible.

Géraldine a toujours évoqué en moi l’image de ces filles de la mer que l’amoureux Sanzio accroche à la conque triomphale de Galatée et dont il fait, autour d’elle, flotter les perfections rivales. Mais c’était la brune, l’aînée du soleil, la plus statuaire, celle qui dessine le mieux sa forme nacrée, aux contours pleins et sinueux, sur le saphir bordé de corail de la Méditerranée. Je pense toutefois que Raphaël lui eût perdu les mains dans le casque à torsades de ses cheveux d’ébène et noyé les pieds peut-être parmi les écumes de la conque, car elle avait les extrémités lourdes, mal venues et, pour parler un peu la langue de mon temps, tranchons le mot, les abatis canailles.

Le journaliste marseillais, félibre ardent, qui le premier en fit sa muse, l’avait découverte à la halle aux poissons, un jour férié de bouillabaisse. A la jucher de là sur le plateau d’un beuglant oriental de notre sainte Canebière, il n’avait pris que le temps de l’initier à l’un des services de l’emploi d’artiste, et je dois